**CES LIONS ONT MANGÉ 135 HOMMES : L’EFFROYABLE HISTOIRE DE TSAVO**
Le musée néerlandais de l’Histoire a récemment annoncé le retrait de 113 statues en bronze et artefacts africains de son exposition, signalant un tournant dans la restitution des biens culturels pris durant l’ère coloniale. Ces objets, originaires du royaume du Bénin, avaient été acquis par des colons britanniques il y a plus de 120 ans. La directrice du musée a déclaré que ces pièces « n’ont rien à faire ici » et doivent être restituées à leurs pays d’origine, soulignant la nécessité pour les pays européens de rendre ce qui ne leur appartient pas.
Cette annonce a ravivé les discussions autour de la restitution des richesses culturelles d’Afrique, en particulier celles conservées en France et au Royaume-Uni, où de nombreuses sculptures africaines du XIXe siècle sont exposées. Alors que le musée néerlandais prend cette initiative, d’autres pays européens sont appelés à suivre cet exemple.
L’histoire de la restitution des artefacts ne se limite pas aux statues. Les Pays-Bas ont également pillé d’innombrables ressources, notamment de l’or et de l’ivoire, en Afrique, sans que des efforts significatifs ne soient faits pour retourner ces biens. La question se pose : que faire de ces richesses extraites par la colonisation ?
Dans une narration parallèle, l’histoire des lions de Tsavo, qui ont terrorisé les ouvriers lors de la construction d’une ligne de chemin de fer en Afrique de l’Est à la fin du XIXe siècle, refait surface. Ces lions, qui auraient tué jusqu’à 135 hommes, ont été traqués par un lieutenant colonel britannique, John Henry Patterson, qui a finalement abattu ces prédateurs. Les têtes des lions, conservées comme trophées, ont été vendues à un musée de Chicago en 1924 pour 5 000 dollars, une somme qui équivaut aujourd’hui à près de 90 000 dollars.
Les lions de Tsavo, désormais exposés dans un musée de Boston, soulèvent des interrogations sur le traitement des cultures africaines et des animaux pendant la période coloniale. Pourquoi ces trophées sont-ils toujours là, alors que les nations africaines continuent de revendiquer leur héritage culturel et naturel ?
La restitution ne se limite pas à des œuvres d’art; elle inclut également des éléments humains, comme le cas tragique de Sarah Baartman, une femme khoïkhoï exhibée en Europe au XIXe siècle. Après sa mort, des scientifiques français ont prélevé son cerveau et ses organes génitaux, les conservant dans des bocaux, un acte qui témoigne du mépris envers les corps africains. Ce n’est qu’en 2002, après des années de pression, que la France a restitué ses restes à l’Afrique du Sud pour une inhumation digne.
Ces histoires, qu’elles soient celles des artefacts ou des personnes, rappellent l’impact durable du colonialisme sur les nations africaines. Alors que le monde évolue, la restitution et la reconnaissance des injustices historiques deviennent des sujets cruciaux, incitant à une réflexion sur la manière dont la mémoire et la culture sont préservées et respectées. Les musées et institutions culturelles sont désormais confrontés à la nécessité de réévaluer leur rôle dans ce processus de guérison et de réconciliation.