Wagner quitte le Mali après quatre années de présence militaire, marquées par des victoires, des tragédies et une instabilité persistante. La milice russe a annoncé son départ via un clip diffusé sur un compte Telegram associé, dans lequel elle présente un bilan de ses opérations dans le pays. Le message, accompagné d’images de ses forces en action, se vante d’avoir aidé à restaurer l’ordre au Mali, affirmant avoir éliminé des chefs djihadistes et soutenu la formation d’une armée malienne disciplinée.
Cependant, la réalité sur le terrain est bien plus complexe. Alors que Wagner se retire, l’armée malienne fait face à une recrudescence des attaques djihadistes, notamment après le retrait de ses forces d’un important camp militaire. Au cours de ces trois années et demie, Wagner a déployé jusqu’à 2 500 hommes au Mali, remportant une victoire significative avec la reprise de Kidal, mais subissant également de lourdes pertes, comme lors de la bataille de Tin Zawatin.
Le départ de Wagner ne signifie pas la fin de l’influence russe dans le pays. Une nouvelle force, Africa Corps, est déjà en place pour prendre le relais. Contrairement à Wagner, qui opérait de manière plus autonome, Africa Corps est directement subordonnée au ministère de la Défense russe, ce qui en fait une entité plus officielle. Les effectifs d’Africa Corps au Mali sont estimés à 1 500 hommes, dont plusieurs anciens chefs de Wagner qui ont choisi de rester sous cette nouvelle bannière.
L’analyste Niagalé Bagayoko souligne que cette réorganisation fait partie d’un plan plus large au sein de l’État russe, cherchant à reconstituer un modèle d’engagement militaire en Afrique. La mission d’Africa Corps pourrait également évoluer pour se concentrer davantage sur la lutte contre les djihadistes, alors que Wagner avait été principalement chargé de contrer les rebelles indépendantistes du nord.
Malgré ces changements, des doutes persistent quant à l’efficacité d’Africa Corps. Les officiers maliens craignent que cette nouvelle force ne soit pas à la hauteur des défis auxquels le Mali est confronté, notamment face à des groupes djihadistes de plus en plus puissants. De plus, le caractère bureaucratique de cette nouvelle structure pourrait limiter sa réactivité sur le terrain.
En conclusion, bien que Wagner quitte le Mali en revendiquant une mission accomplie, l’instabilité perdure et la lutte contre le terrorisme reste un défi de taille. Le transfert de pouvoir à Africa Corps témoigne des efforts de la Russie pour maintenir son influence en Afrique, mais la question demeure : ces changements seront-ils suffisants pour stabiliser un pays en proie aux conflits ?